André Minvielle

André Minvielle

« Claude Nougaro a toujours été pour moi un phare, un obstacle comme lieu de passage, depuis mon adolescence. »

« Claude Nougaro a toujours été pour moi un phare, un obstacle comme lieu de passage, depuis mon adolescence. Pensez donc : même accent du sud-ouest (variations), même tessiture (baryton martin), mélange de technique classique opéra (conservatoire), profane apéro (polyphonie béarnaise). Mais dès que je chantais en français, ça ressemblait à Nougaro bien entendu. Du coup, j’ai tiré ma tessiture vers le haut et de plus en plus vite pour essayer de le larguer. Mais dès que je reviens dans la même tessiture. Il est là, dans le placé (opéra/apéro) !!! Nous nous sommes rencontrés avec la compagnie Lubat. Il est venu chanter au Festival d’Uzeste. Un jour que je le croisais dans les rues de Toulouse, claudi-claudant, les lunettes embuées, il ne m’a pas reconnu (trop de buée sur les lunettes !). C’est Hélène qui lui a alors dit : « Claude, c’est André Minvielle de la compagnie Lubat ». Il est revenu sur ses pas et m’a chuchoté au creux de l’oreille : « Je suis né dans un trou de mémoire ». On est parti boire un verre ensemble. S’embuer. Il m’a écrit deux chansons. La lettre N de mon abécéd’erre « C’est non » et « K you Kyaw ». Il éclaire toujours mes pensées dès que je le chante. Il a participé malgré lui, à ce que je sois moi-même, dans une autre voix. »

Il est né en 1957 à Pau. Il suit une formation en micro‐mécanique pour devenir horloger. Mais dès la fin des années 1970, il sait que sa vie sera consacrée à la musique. En 1985, il assiste à un concert de la compagnie Bernard Lubat, le batteur girondin de Claude Nougaro. Il intègre la Compagnie Lubat et participe au festival d’Uzeste en organisant la Hestejada de las Arts, où il rencontre et joue avec des poètes, conteurs, comédiens, musiciens, dont Eddy Louis, Michel Portal, Daniel Humair, Louis Sclavis, Marc Perrone, Claude Nougaro, Jon Hendricks et commence sa réflexion sur l’oralité et la musicalité des langues. En 1994, il confirme ses talents de scat man atypique sur l’album Scat Rap Jazzcogne de la Compagnie Lubat. En 1997, son premier disque solo Canto ! reçoit un accueil très favorable de la presse. En 2004, André Minvielle créé l’association Les Chaudrons pour coordonner son travail de collectage des accents de la francophonie et le nourrir par l’organisation des résidences Suivez L’accent. En parallèle, il signe la même année un opus expérimental : L’ABCD’erre de la vocalchimie. En octobre 2007 sort son troisième album solo La vie d’ici-bas, qui lui vaut les louanges de la critique. En 2008, il reçoit le prix de l’Artiste vocal de l’année aux Victoires du jazz.