Magma
Thomas de Pourquery

Soirée

Thomas de Pourquery

Six décennies après Super-Sonic Jazz (1957) qui lançait pour Sun Ra et son Arkestra un fascinant et prophétique retour vers Saturne (Maison ! Maison !), le saxophoniste, chanteur et compositeur Thomas de Pourquery entend toujours aussi clairement son message. Il le démontrait avec le nom de son propre sextet, Supersonic (qui traduit aussi l’urgence dans laquelle l’enregistrement s’est déroulé), et surtout avec ce fameux Play Sun Ra, élu Meilleur Album de l’Année aux Victoires du Jazz 2014. L’été suivant, le costaud de Bondy (où il naît en 77) confirmait le tout en clôture de Jazz à Vienne. Depuis, Thomas de Pourquery a rejoint le Magnetic Ensemble pour un EP paru en 2015, il a signé chez Naïve son duo plutôt pop avec Maxime Delpierre, enregistré l’opus Broadways (2016) avec le Red Star Orchestra et écrit la bande originale du film La Loi de la Jungle de Antonin Peretjatko (2016). Il est enfin sacré Artiste de l'Année aux Victoires du Jazz 2017. Une nuit de pleine lune, une fulgurance onirique lui dicte d’un bloc la musique de Sons of Love (Label Bleu - 2017). L’amour se prélasse donc, puis il est chahuté sur ce dixième album que portent la voix de falsetto et le sax alto du leader, que sculptent ses cinq complices supersoniques issus du jazz (Megaoctet, Sacre du Tympan, ONJ), de l’électro rock (Poni Hoax) ou de la drum & bass (Big).

Line-up : Thomas de Pourquery (as, voc, k, perc), Arnaud Roulin, (p, synth, k), Fabrice, Martinez (trp, bgl, voc, perc), Laurent Bardainne (ts, voc), Edward Perraud (dms, voc, electronics), Frederick Galiay (b, voc), Arnaud Pichard (son)

Crédits photo : © Edward Perraud

Magma

Paris (Le Triton), 27 janvier 2018 : le groupe de Christian Vander se présente resserré à l’os, en septet (exit le vibraphone), affuté. Une machine de guerre qui vrombit autour du batteur habité. La longue introduction de Mekanïk Destruktïw Kommandöh permet à Vander de psalmodier tel un shaman. Martelé par Jérôme Martineau au piano électrique, le thème obsessionnel et familier évoque la transe afrobeat de Fela. Magma, incandescent, inextinguible, allume les lumières intérieures et plonge dans les ténèbres. Les thèmes de Zombies ou Da Futura sont traités façon funk barbelé, obsessive, jusqu’à l’implosion. Comme si les New JB’s passaient sur une chaise électrique, avec Coltrane pour les dernières Méditations. Et tandis que notre Tyson de Nogent-sur-Marne pulvérise ses cymbales, ce Magma 2018 ne rigole toujours pas, quarante huit ans après Kobaïa (1970) ! Il enchaîne mouvements élégiaques (les voix de Stella Vander, Isabelle Feuillebois et Hervé Aknin) et brusques éruptions volcaniques, progresse par ruptures dans les suites de Šlaǧ Tanƶ (2015). Ce n’est que le treizième album studio (contre quinze enregistrements live) de Magma auquel le réalisateur Laurent Goldstein vient de consacrer un film : The Music of Magma. Le documentaire Nihao Hamtaï, lui, retrace la toute première tournée de Magma en Chine durant l’hiver 2016. Le Magma est-il toujours en fusion ?... Zeuhl !

Line-up : Christian Vander (dms, voc), Stella Vander (voc), Isabelle Feuillebois (voc), Hervé Aknin (voc), Jérôme Martineau (p), Benoit Alziary (vb), Rudy Blas (g), Philippe Bussonnet (b), Avec la participation de Pierre Latute (tb), Paul Antoine Roubet (s), Illyes Ferrera (s), David Mimey (s), Julien Buros (s)

Crédits photo : © Jean-Baptiste Millot