Masego
Yamê

Soirée
Hip-hop

Masego

© DR

À ceux qui recherchent le son de demain, Masego est peut-être l’homme à suivre. Depuis qu’il a commencé à faire parler de lui voici bientôt dix ans avec ses premiers morceaux, le chanteur, rappeur et compositeur américain d’origine jamaïcaine a le don de mêler les genres et de saisir au vol les tendances. Toujours dans l’ère du temps tout en restant en avance sur ses contemporains, il n’a eu de cesse d’affiner sa sonorité depuis bientôt dix ans, distillant lentement titres inédits, EPs et signant quelques tubes au passage (le fameux « Tadow » avec le Français FKJ) avant de publier son premier album en 2023, Masego. Un coup de maître : jamais le style qu’il a inventé, la « TrapHouseJazz », mélange à la fois rétro et futuriste de trois musiques qui sous sa plume semblent indissociables, n’a eu une telle force. Enchaînement de grooves rêveurs et hypnotiques et de pépites mémorables, ce nouvel album est de ceux qui parviennent à dire beaucoup de choses sur leur époque tout en montrant la voie vers la suite. En attendant, la première venue de Masego au Théâtre Antique, son unique concert en France cette année, est à marquer d’une pierre blanche.

Yamê

© Ojoz

Si on présente souvent le jeune chanteur, claviériste et compositeur comme la nouvelle sensation des réseaux sociaux, on aurait tort de le réduire au phénomène viral qu’il a suscité ces derniers mois. Car celui qui a illuminé les Transmusicales de Rennes en 2023 n’est pas arrivé là par hasard : fils du chanteur et guitariste Ngoupa Emanty, il a su synthétiser et s’approprier des genres populaires mais en apparence disparates en un mélange ambitieux, de la chanson française à la trap en passant le jazz, le tout porté par une voix atypique, instantanément émouvante, qui renvoie tantôt au chant lyrique ou au rap. Le franco-camerounais est un pianiste accompli (il s’est formé dans les jams des clubs de jazz parisien) mais revendique un cocktail d’influences bien plus large et peu commun, du chanteur Matthew Bellamy, leader du groupe anglais Muse, à Charles Aznavour en passant par le rappeur Booba. Entre ses textes, qui mêlent la prose bravache aux doutes de la jeunesse, et sa musique au métissage unique, Yamê (“le verbe” dans la langue mbo de ses ancêtres africains) est l’un des rares artistes chez qui le fond est à la hauteur de la forme, capable, au-delà des étiquettes, de toucher toutes les générations.